Henri Bodart (1874-1940),
Enseigne « av cornet d’or bon logis a pied et a cheval 1698 »
Dessin à la mine de plomb. Non signé.
H. x L. : 25,1 x 15,9 cm.
Namur, Coll. Ville de Namur, n° 204, TreM.a.
La maison « Au cornet d’or »
État actuel.
Henri Bodart (1874-1940),
Enseigne « av trois cornets bon logis a pieds a chevalle 1736 »
(Avenue Bourgmestre Jean Materne, n° 53, Jambes).
Dessin à la mine de plomb. 1915. Vers le bas à droite : Avenue des Acacias/jambes/(namur).
Signé et daté en bas à droite. H. x L. : 25 x 16,3 cm.
Namur, Coll. Ville de Namur, n° 205, TreM.a.
La maison « Au trois cornets »
(situation actuelle)
Avenue Bourgmestre Jean Materne, 53 à Jambes.
À l’heure de l’e-mail, de la facture électronique, du SMS ou encore du message instantané Whatsapp, Telegram ou Signal, le courrier papier deviendrait bien un reliquat du passé, et les facteurs transportent aujourd’hui bien plus régulièrement des colis, signes du succès des ventes en ligne.
Les Tour et Tassis
Suite à son mariage avec Marie de Bourgogne (1477) et à l’extension par conséquent de son territoire, Maximilien de Habsbourg éprouve le besoin de mettre en place un système postal efficace afin d’améliorer la communication dans son empire. Il délègue cette tâche à la famille italienne des Maîtres de postes Tassis (ou Taxis) qui développent en 1490 la première liaison régulière entre Innsbruck, lieu de résidence de l’empereur, et Bruxelles et Malines, sièges des institutions centrales des pays bourguignons. La structure du réseau était simple : on installait un relais de poste à intervalles réguliers. Dès 1505, la famille Tassis avait obtenu le monopole des postes officielles dans l’Empire, et le réseau de poste traversait déjà l’Autriche, les Pays-Bas Bourguignons, la France, l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie.
Plongeons-nous un temps dans le fonctionnement du réseau de poste de l’Ancien Régime, puisqu’il en reste encore quelques témoignages sur le territoire jambois.
Nous l’avons dit : pas de route postale sans relais postaux. Car pour transporter le courrier, il faut aller vite. Et pour aller vite durant l’Ancien Régime, c’est à cheval que l’on se déplace. Or, pour être efficace, un cheval doit se reposer, être nourri, être pansé. Et c’est dans les Relais de poste que sont fournis ces services. Les Maîtres de poste, aubergistes ou fermiers, sont à la tête de ces relais et tiennent les chevaux prêts pour les postiers. Les établissements sont suffisamment grands pour loger à la fois des voyageurs, du personnel et des chevaux. Les Maîtres de poste reçoivent leurs instructions de la part des Tassis, auxquels ils louent leurs chevaux. Les postillons, aux ordres des Maîtres de poste, s’occupent de ramener les chevaux depuis le relais suivant, afin qu’ils soient de nouveau disponibles pour le prochain courrier.
À Jambes, deux maisons témoignent encore de ce réseau des postes des Tour et Tassis : elles portent l’enseigne au cornet. L’une est située aux numéros 15-23 de l’Avenue Jean Materne (elle est aujourd’hui divisée en quatre habitations), et l’autre au numéro 53 de la même artère. La première porte pour enseigne (visible au n° 19) AV CORNET D’OR / BON LOGIS A PIED / ET A CHEVAL 1698, la seconde AV TROIS CORNETS BON LOGIS A / PIEDS A CHEVALLE 1736.
Le saviez-vous ?
Il faut faire la distinction entre le Maître de poste, agent des postes impériales et royales et qui appartient donc à ce service organisé de relais permanent établis sur les grands chemins à distances régulières, et le messager, qui est nommé par le magistrat d’une ville et se charge du courrier de proximité.
Le statut de Maître de poste donne un certain rang dans l’échelle sociale. Il ne semble pas gênant pour un membre de la notabilité locale d’épouser la descendante d’un Maître de poste.
D’autre part, il était possible pour le Maître de poste de cumuler les fonctions : Jean Lambert de Fleron († 1674) fut Maître de poste ET mayeur de Jambes.
Fiona Lebecque,
Présidente-Conservatrice
du Centre d’Archéologie,
d’Art et d’Histoire de Jambes
Note :
- Pour en savoir + : J. Lambert, Les Maîtres de poste et leurs relais (XVI-XIXe) Jambes, Courrière, Emptinne, coll. Anhaive expo, 2006, 64 p. Disponible auprès du Syndicat d’Initiative de Jambes ou de la Tour d’Anhaive au prix de 8 €. Le présent article est extrait de ce volume.