Une tombe (n° 15) du cimetière de Béronvaux a été photographiée lors de sa découverte, permettant une restitution de la disposition des objets dans la tombe.
Namur, Musée archéologique de Namur. Coll. SAN.

AU HASARD d’un coup de pelle1
Depuis le 19e siècle, des tombes romaines ont été mises au jour, au hasard des travaux entrepris sur le territoire jambois. Dans cette localité en pleine expansion, il s’agissait bien souvent d’interventions d’urgence, de fouilles de sauvetage.
Depuis sa fondation en 1845, la Société archéologique de Namur (SAN) a recueilli et sauvé de nombreux témoins du passé qui auraient probablement irrémédiablement disparu sans son intervention. De ces fouilles, on conserve principalement les mobiliers funéraires, parfois complets, parfois lacunaires.
Les archives de la Société archéologique, les Annales et les Namurcum relatent les découvertes ainsi que les circonstances des travaux et donnent parfois un bref inventaire ou un plan de localisation sommaire2.
En 1861, des tombes sont découvertes lors de la construction du chemin de fer Namur – Dinant au Trieu de Dave à Amée. Plusieurs poteries romaines sont vendues par les ouvriers du chantier à la Société archéologique de Namur. Elles sont conservées au Musée archéologique. Mais les archéologues n’ont pas assisté personnellement à la découverte, et les quelque vagues renseignements conservés sur ce site doivent être considérés avec beaucoup de prudence.
Fin 1873, la SAN fait exécuter des fouilles à Velaine, à l’emplacement de l’ensemble mégalithique de la Pierre du Diable, détruit en 1820. Les travaux sont menés par le propriétaire du terrain, Monsieur Capelle. Malheureusement, le mobilier de cette tombe constituée de 4 dalles de calcaire n’est pas conservé. Il n’en subsiste qu’un dessin, représentant une pièce de monnaie, des objets en fer et des poteries en terre.
Le cimetière des Écoles est découvert lors de la construction de l’école communale de Jambes en octobre 1888, à l’arrière de l’ancienne maison communale, entre la rue d’Enhaive et l’avenue Bovesse. Une centaine de tombes sont mises au jour, mais seules 12 tombes à incinération, situées dans la parcelle destinée aux jardins des instituteurs, peuvent réellement être fouillées par A. Mathieu de la SAN, les autres ayant été mises au jour antérieurement et leur contenu ayant été dispersé. Le contenu de ces tombes est conservé au Musée archéologique de Namur.

Les écoles sont détruites dans les années 1960 et la maison communale est rasée en 1991 pour faire place aux bâtiments de la Région Wallonne.
Aussi, le Service des Fouilles mène de 1991 à 1993 une campagne de fouilles préventives sur le site de la place de la Wallonie. Il met au jour 87 tombes à incinération et plusieurs dizaines de structures secondaires ainsi que l’emplacement d’un bucher collectif 3.

Les sépultures dites de Haute-Anhaive, dont le contenu est présenté dans les collections permanentes de la Tour d’Anhaive, sont découvertes sur la colline de Béronvaux en 1934 lors de la construction du couvent des Pères Scheut. Son architecte, A. Guequière, membre de la SAN, peut sauver le contenu de 5 des 10 tombes à incinération mises au jour en août et septembre 1934 et le remet à F. Courtoy, conservateur du Musée archéologique de Namur. En octobre 1934, des fouilles sont conduites par A. Tonglet, et mènent à la découverte d’un bûcher funéraire, et de 10 autres tombes. Suite à la découverte fortuite d’une autre tombe en 1935, une nouvelle campagne de fouilles met encore au jour 6 tombes4. De la trentaine de tombes découvertes sur la colline de Béronvaux, 18 seulement peuvent être fouillées dans des conditions satisfaisantes. La disposition des tombes n’est pas connue avec précision, un simple croquis de Tonglet les situant grossièrement. Les connaissances sur ce cimetière demeurent donc limitées et partielles.
La tombe isolée de Basse-Enhaive est découverte le long de la route de Namur à Liège en 1956 lors de travaux de construction d’un atelier mécanique à l’arrière d’une station essence. Lors des travaux de terrassement, la pelle mécanique met au jour un coffre en pierre, contenant deux urnes en verre, et quelques objets groupés autour du coffre et heureusement préservés par les propriétaires du terrain, M. et Mme Peeters-Warnant. Alertée par la rumeur de la découverte, MM. Dasnoy et Léva de la SAN se rendent sur les lieux, mais très peu d’observations peuvent être faites sur la tombe et la disposition des objets. Par la suite5, André Dasnoy rachète au couple Peeters-Warnant le coffre en pierre ainsi qu’une partie du mobilier funéraire, afin de le présenter au Musée archéologique de Namur.

Fiona Lebecque,
Présidente-Conservatrice du
Centre d’Archéologie, d’Art et d’Histoire de Jambes

Notes

1. Cet article est basé sur la recherche de P. Van Ossel, Les cimetières romains du Haut-Empire de Namur, dans Annales de la Société archéologique de Namur, t. 64, fasc. 2, 1986, pp. 197-251.
2. Comme le soulignait Paul Van Ossel en 1986, « si certaines erreurs nous paraissent aujourd’hui entacher ces travaux, elles sont dues le plus souvent aux conditions de travail et à l’état d’esprit de l’époque » : P. Van Ossel, Op. cit., p. 198.
3. Cette nécropole a bénéficié d’une fouille en aire ouverte, avec un enregistrement systématique des structures et du mobilier archéologique. Voir F. Hannut et J. Plumier, La nécropole gallo-romaine de la place de la Wallonie à Jambes (Namur), coll. Etudes et documents. Archéologie, 33, 2 vol., Namur, 2014.
4. Voir A. Perreaux, Les céramiques provenant du cimetière de Béronvaux, dans Côté Jambes, n° 89, 2015 ; F. Lebecque, 60 centimètres sous la colline, dans Côté Jambes, n° 92, 2016.
5. Voir A. Dasnoy, Accroissement des collections, dans Namurcum, 36, 1964, p. 16.