CHAPITRE II : Les vicissitudes du pont de Jambes entre le XVIIe siècle et la deuxième guerre mondiale
1. Le pont de Jambes pris au cœur des sièges de la ville de Namur au XVIIe siècle
À cette époque, le pont de Meuse est encore terminé, du côté de Jambes, par trois arches en bois dont la plus rapprochée de la tour forme un pont-levis. Lieu incontournable des conquêtes qui se sont déroulées tout au long des XVIe et XVIIe siècles, le pont et sa structure mobile défensive connurent des dégâts qui seront d’autant plus conséquents lors des grands sièges de 1692 et 1695.
a. Le siège de 1692 par Louis XIV durant la guerre de la Ligue d’Augsbourg
Namur est alors une des dix grandes forteresses de l’Europe et son siège est considéré comme un événement de portée majeure auquel le roi Louis XIV, accompagné de toute sa cour de Versailles, vient assister en personne [7]. Véritable base militaire des Pays-Bas Espagnols, la ville de Namur et sa citadelle ne peuvent échapper aux nécessités stratégiques des armées françaises qui les occuperont durant trois ans. Et il en va de même de Jambes dont aucun des assaillants ne se soucie de la situation juridique particulière qui en fait une commune distincte de celle de Namur.
Tout le site va dès lors faire l’objet de fortifications d’usage, sous l’égide du célèbre ingénieur militaire Vauban qui est responsable des opérations de siège. Une rue de Jambes en rappelle d’ailleurs encore le souvenir alors que celui-ci a assumé la direction technique de l’un des plus fameux sièges du règne du roi Soleil.
Après le siège à proprement parler, Vauban sera chargé de remettre les fortifications existantes en état, afin de faire de Namur une place forte imprenable. Ainsi, deux forts seront élevés à Jambes, sur les hauteurs de Béronvaux et de la montagne Sainte-Barbe dominant la plaine. Au bord du fleuve, vers l’aval et sur la rive gauche, le fort Bivac est érigé en face de la porte Saint-Nicolas. Et enfin, une véritable tête de pont est établie en avant du pont de Meuse. Celle-ci est bien visible sur le plan en relief dressé en 1747 par un ingénieur spécialisé du roi Louis XV, Larcher d’Aubancourt. Ce plan est conservé à l’Hôtel des Invalides, à Paris, mais nous disposons d’une réplique, réalisée à l’initiative de la ville de Namur en 1992, qui est actuellement installée au Centre du visiteur de la citadelle de Namur.
Note :
7. ROUSSEAU F. (1938). Le rôle de Namur dans l’histoire de la vallée de la Meuse. Annales Fédérales Belges d’Archéologie et d’Histoire, Congrès de Namur, 14.