Les dessins du soldat Maxime Bourrée, prisonnier en 14-18
Les témoignages en images sur la vie dans les camps de prisonniers durant la Première Guerre Mondiale ne sont pas très fréquents… Un jeune soldat français, Maxime Bourrée, emprisonné durant 4 ans dans un camp allemand, a réalisé à l’époque un ensemble d’illustrations sur ce qu’était cette vie en captivité, éprouvante et dure.
Maxime Bourrée, originaire de Normandie, a 22 ans en 1914. Il perd ses deux jeunes frères, Maurice et Fernand, en 1915. Maxime, lui, est blessé d’une balle dans le ventre en Belgique, à Charleroi. Fait prisonnier par les troupes du Kaizer Guillaume II, il est soigné, puis envoyé dans un camp de prisonniers à Parchim, dans le nord de l’Allemagne. C’est dans ce camp, où il va rester quatre ans, que le jeune soldat commence à dessiner.
Un cahier préservé dans la famille
« C’est une façon pour lui de survivre, et de s’échapper un peu tout en relatant la vie quotidienne », explique Sophie Meurice, chargée d’exposer les dessins dans l’exposition « Liège 14-18 ». « Il en a réalisé cent trente, qui couvrent des thèmes comme la faim, la vie entre soldats, la fraternité, la religion, mais aussi la mort. Nous avons choisi d’exposer les plus intéressants d’entre eux. Ce sont bien sûr des copies, car les originaux sont d’une grande fragilité. » Les illustrations font partie d’un cahier inédit, qui a été soigneusement conservé dans la famille de Maxime Bourrée. C’est sa petite-fille, Esther Bourrée, qui a proposé de les présenter à Liège. Que peut-on découvrir dans cet album? Les conditions difficiles des prisonniers pour se laver, pour manger, pour résister aussi aux brimades et aux punitions. « On voit également toute une société qui se met en place, avec de petits marchés entre prisonniers, du troc, des échanges. Et puis des moments de détente et d’humour, par exemple quand ils jouent au football. »
Un joli coup de crayon
Le camp de Parchim était situé près de la Baltique. Environ quinze mille prisonniers y furent détenus, des Français, des Russes, des Serbes, des Anglais, et des Belges. Et parmi ces différentes nationalités, il y avait aussi des militaires incorporés des colonies: des soldats indiens chez les Anglais, des tirailleurs sénégalais chez les Français. Maxime Bourrée, doté d’un joli coup de crayon, les croque avec beaucoup de finesse. Le jeune soldat a utilisé aussi toutes les ressources possibles pour avoir de quoi dessiner puis mettre en couleurs ses dessins, ce qui n’était pas évident en cette période où tout manquait pour les prisonniers.
A la fin de la guerre, le jeune homme, qui se destinait initialement à la prêtrise, fut rapatrié en France en passant par le Danemark. Atteint par la grippe espagnole, il fut hospitalisé et soigné par une infirmière danoise. Après une année d’échanges épistolaires, la jeune Danoise vint rejoindre Maxime en France. Ils se marièrent en 1920. Happy end, après quatre ans de captivité, dont témoignent les pages de cet étonnant carnet de dessins.