Cette aventure Jijé a commencé en 2008, lors de la préparation du centenaire des Rèlîs Namurwès, une vénérable et toujours active association wallonne basée à Namur. Celle-ci désirait fêter dignement son centième en faisant de 2009 l’anéye do walon qui spite. Elle sollicita donc diverses associations et institutions prêtes à valoriser la langue wallonne dans leurs activités. Lors d’une réunion de travail, Joseph Dewez, Président des Rèlîs Namurwès, attira l’attention sur les gravures de Jijé, auteur bien connu des amateurs de bandes dessinées mais beaucoup moins comme artiste wallon, et qui signait ses œuvres des initiales de son véritable patronyme : J.G. (Joseph Gillain).
Les xylogravures et linogravures illustrant, entre autres, les 46 premiers numéros des Cahiers Wallons parus entre janvier 1937 et novembre 1943, retiennent toute l’attention de ceux qui les regardent, tant par la variété des sujets traités que par leur style adapté au thème évoqué, traduisant une large palette expressive constamment enrichie au fil du temps.
Ces gravures, bien wallonnes, furent donc au cœur d’un patient travail, mûrissant peu à peu deux années durant : contacter la famille de Jijé, la sympathique tribu Gillain, solliciter divers experts qui ont contribué à ce catalogue ou fourni informations et documents, comme précisé dans les pages qui suivent, pister les œuvres, les archives écrites, photographiques ou filmées, recueillir les témoignages, ô combien chaleureux, partir sur les traces de Jijé dans nos régions, …
Et de graveur, Joseph Gillain s’est révélé orfèvre, dinandier, sculpteur, peintre, inventeur, voire styliste ! C’est une magnifique personnalité, sérieuse et fantaisiste, exigeante et audacieuse, solitaire et conviviale, qui s’est faite jour au fil des rencontres avec tous ceux qui l’ont bien connu et, bien sûr, grâce à tout ce qu’il nous a donné.
Le périple en terre wallonne, namuroise en particulier, jijéenne surtout, fut donc fructueux, évidemment plein de rebondissements inattendus, d’émotions intenses, de générosité discrète…
Le résultat en est cet ouvrage, ainsi qu’une exposition à la Seigneurie d’Anhaive sur Jijé, artiste wallon, et une autre, itinérante, plus modeste, sur les traces de Jijé dans nos régions. Par ces initiatives provinciales et d’autres manifestations encore, c’est d’un véritable hommage à Joseph Gillain, alias Jijé, qu’il s’agit. Un Wallon bien dans son terroir dont il a fait un terreau créateur, aux expressions multiples, sans cesse renouvelées.
C’est donc à la découverte de l’artiste Joseph Gillain qu’au nom du Collège de la Province de Namur, je vous invite aujourd’hui. Au nom de ce même Collège, je remercie chaleureusement la famille Gillain, ainsi que tous les auteurs et collaborateurs de cette belle aventure. Finalement, il n’y a pas que 2009 qui soit l’ anéye do walon qui spite. Le wallon, les Wallons, comme Jijé, spitent encore et spiteront encore longtemps !