L’École du Génie de Jambes a 60 ans CJ59 2007

La caserne de l’École du Génie
située rue de Dave à Jambes
Carte postale ancienne.
Jambes, coll. Pol Fiévez.

Cela fait tout juste 60 ans que l’École du Génie de Jambes fonctionne mais plusieurs tentatives de création d’établissements de ce genre eurent lieu dans le pays depuis 1830.
En 1892, les 9^e et 10^e Compagnies du 3^e Régiment du Génie d’Anvers s’installent à la caserne de Terra Nova de la Citadelle de Namur. Cependant, cette caserne n’offre pas le confort nécessaire aux soldats : trop chaude en été, trop froide en hiver, mauvaise aération et éclairage. Il se pose très vite le problème de disposer d’un polygone pour l’entraînement. Un terrain est acquis derrière la caserne à la citadelle mais il reste la question de l’entraînement en milieu aquatique. Dès lors, un polygone¹ aquatique est établi à Jambes-Velaine, près le l’île « Vas-t’y-frotte » où le Génie dispose dès 1906 d’un terrain d’un hectare et d’un bras de Meuse non ouvert à la navigation fluviale. Sept ans plus tard, le polygone compte 7 hectares bordant la Meuse sur une longueur de 240 mètres. En 1914, plus rien n’empêche la construction d’une caserne à Jambes si ce n’est le déclenchement du premier conflit mondial. Le polygone est à cette époque un vaste terrain d’exercices et d’écolage doté seulement de quelques hangars destinés à abriter du matériel de navigation, de pontage et d’aérostation.
À partir de 1919, le Ministère de la Guerre continue à acquérir des terrains proches du polygone de Velaine. D’autres achats sont conclus en 1921, 1924, 1925 et 1931. La superficie atteint 8 hectares 23 ares. L’Armée loue aussi des terrains maraîchers de l’île « Vas-t’y-frotte »². La construction d’une nouvelle caserne à Jambes est une nécessité car la distance entre la citadelle et le polygone constitue une contrainte.
C’est finalement le 1^er mai 1939 que l’on procède aux adjudications pour la construction d’une caserne à Jambes, le long de la rue de Dave. Les travaux sont confiés aux entreprises Garnier d’Etterbeek pour la somme de 16 746 678,14 francs. Un mois plus tard, les travaux débutent par la construction du bloc de l’État-major, du bloc logement « C », des cuisines et réfectoires, des latrines extérieures, des cachots, de l’infirmerie et d’un château d’eau. La guerre interrompt les travaux.
Les Allemands se servent des locaux comme dépôts. Dès la libération, la caserne est occupée par les Anglais, les Américains et les Belges qui utilisent l’établissement comme prison dont la capacité théorique est de 15 000 prisonniers.
Le 1^er août 1946 est créée l’École de candidats gradés du Génie au sein de l’École du Génie. Le but de cette nouvelle structure est de former un cadre jeune de sous-officiers disciplinés, instruits et entraînés, aptes à prendre le commandement d’une section ou d’une unité similaire et à donner l’instruction aux recrues.
L’installation dans la caserne de Jambes s’effectue dès janvier 1947. Le milieu de la cour est occupé par un petit étang au bord duquel les Américains avaient laissé une petite statue de la Liberté.
Le 17 mars 1947, une section automobile est mise sur pied qui fonctionne à la fois grâce à l’École du Génie et au Centre d’instruction du Génie. Les travaux de construction se poursuivent. L’ancien gazomètre qui existait avant la guerre est transformé en forge. Les blocs du polygone existant en front de Meuse sont démolis. On construit deux nouveaux blocs (J et N) ainsi que les ateliers « fer » et « bois ».
L’inauguration officielle de l’École du Génie a lieu le 25 septembre 1949, par le Général Piron. La caserne reçoit le nom de « Lieutenant Dewispelaere », officier de réserve au 2^e Régiment du Génie, tué face à l’ennemi le 12 mai 1940 au pont d’Yvoir où il se sacrifia pour en assurer la destruction³.

Jacques Toussaint,
Président du Centre d’Archéologie, d’Art et
d’Histoire de Jambes

Notes

1. Un polygone est un champ de tir et de manœuvre où sont notamment effectués les essais de projectiles et d’explosifs.
2. L’île fut acquise par l’État en 1953 en vue d’y installer un polygone d’instruction. Durant la formation en pontage, elle servait aussi de lieu d’accostage lors des exercices de navigation et permettait de construire des ponts flottants à partir du polygone aquatique. Ces ponts étaient régulièrement démontés aux fins d’entraînement.
Les inondations de l’hiver 1993 endommagent les piles du pont qui est démonté en urgence. Des travaux de reconstruction débutent au printemps 1996 mais ils sont arrêtés car, dans l’intervalle, l’île avait été classée réserve naturelle le 9 mars 1995 par la Région wallonne.
3. Ces quelques lignes ont pu être écrites grâce à l’amabilité du Colonel e. r. Michel Halon qui prépare une publication consacrée à l’historique de la caserne du Génie. L’auteur lui adresse ses plus sincères remerciements ainsi qu’au Colonel BEM Mignolet.