Plan général de la Ville de Namur (1863) et indication des inondations de 1880 (détail)
1863.
Namur, Jardin du Cloître. Coll. SAN, inv. B-Pl-076.

Bien entendu, le Club n’échappe pas aux inondations quand le fleuve sort de son lit, comme ce fut le cas en 1880 ou en 1926.
A chaque fois, le RCNSM s’est porté au secours des sinistrés et a lancé une souscription en leur faveur.

Plan de Namur par Joseph Kips (détail)
1892.
Namur, Jardin du Cloître. Coll. SAN, inv. B-Pl-083-02.

Jambes, les pieds dans l’eau 1

Occupant la rive droite de la Meuse, Jambes joue depuis longtemps un rôle important dans le rayonnement touristique et sportif de Namur.
Au 19e siècle, alors que le riche passé folklorique namurois lié à la navigation s’était éteint, l’aviron devint le sport nautique par excellence, avec la fondation en 1862 du Club Nautique de Sambre-et-Meuse. Suite à une victoire namuroise devant 20000 spectateurs aux Régates parisiennes en 1864, le club compte environ 350 membres en 1865, principalement issus de la bourgeoisie, voire de la haute bourgeoisie. Le club reçoit alors le titre de Royal Club Nautique de Sambre et Meuse (RCNSM).
Le rôle joué par son premier président, Félicien Rops, fut capital : en effet, c’est notamment sur sa proposition que le Club acheta sur 15 ans un terrain dans la ruelle Mazy en 1866 en face du confluent, devant un plan d’eau intéressant (la construction de l’écluse des Grands-Malades et sa mise en service en 1864 avaient en effet relevé le niveau du fleuve). La même année, le Club pose la première pierre de son local sur la rive jamboise de la Meuse. Encore une fois, cela peut se faire grâce à F. Rops, qui s’engage personnellement à construire le local moderne qui accueillera le Club après que le Comité ait fait appel à l’architecte F. Léanne, dont le projet, trop onéreux, ne put être retenu. En 1867, les travaux commencent pour construire le local que le RCNSM occupera jusqu’à sa démolition en 1964.
Organisateur de régates, de fêtes vénitiennes, le RCNSM a également développé la vie sportive namuroise dans des disciplines autres que nautiques. Il organise notamment en 1870 la première course cycliste namuroise, internationale. Le RCNSM avait également une section spéciale de gymnastique, vélocipèdes et armes (escrime, tir au pistolet et à la carabine, boxe anglaise). Il fut également novateur en introduisant à Namur le tennis et plus tard le basket-ball.
Le RCNSM eut un temps pour voisin le premier bassin de natation namurois.
En effet, au 19e siècle, les Namurois, interdits par arrêté de baignade dans les eaux de la commune, prirent l’habitude de se baigner en dehors du territoire de leur ville, et notamment, sur la rive droite de la Meuse, les autorités jamboises se montrant plus tolérantes. En 1865, une école de natation est alors établie sur la rive droite de la Meuse, en aval du pont de Jambes. L’École de natation était posée sur des pontons. Les cabines, disposées des quatre côtés, s’ouvraient sur un bassin intérieur, à ciel ouvert : la baignade se faisait alors dans l’eau de Meuse, dans trois sections de profondeurs différentes, sous la surveillance de moniteurs attachés à l’établissement. L’École de natation fut détruite en 1914 par l’explosion des deux arches du Pont de Jambes côté rive droite, et ne fut jamais rétablie.
Un deuxième espace balnéaire a également été développé en amont du Pont de Jambes : la «Plage de Jambes». Exploités jusqu’en 1961, les bains étaient jusqu’en 1926 divisés en deux sections qui correspondaient à une première et à une seconde classe, l’une pour les bourgeois, l’autre pour le peuple et les militaires.

Fiona Lebecque,
Présidente-Conservatrice du
Centre d’Archéologie,
d’Art et d’Histoire de Jambes

1. Cet article doit beaucoup à V. BRUSH, La baignade à Namur entre 1890 et 1914, reportage diffusé sur Canal C le 29 juillet 2016 ; à F. Rousseaux, Jeux et sports nautiques à Namur, dans Le Guetteur Wallon, n° 1, 1970, p. 30 et à R. PIERARD, Le Royal Club Nautique de Sambre et Meuse. 1862-1962. Cent années de vie sportive namuroise, Namur, 1962.