Mlle Pouleur qui officie lors du mariage
de Mme Bénédicte Hallet et de M. Guy Defurnau.
Mlle Pouleur lors d’une fête, entourée
par MM. Hallet et Decraux.
Mlle Berthe Pouleur, seule femme à siéger au Conseil communal de Jambes en 1976, avant la fusion des communes.
On reconnait assis de gauche à droite : Désiré Bernard, Edgard Auspert, Alex Antoine, Berthe Pouleur, Henri Hallet,
Albert Migeot, Jean Materne. Sont debout : Jean Mosseray, Marcel Decraux, Joseph Schmit, le commissaire Bertrand,
Robert Legros, Francis Laloux, René Denis, Félix Laloux, Gustave Martin, Julien Robin.
On savait que Mlle Pouleur était fort attachée au devoir de mémoire, ici lors d’une
manifestation patriotique, place Communale (maintenant place de la Wallonie).
Dans la nouvelle église de Velaine, une manifestation en présence de l’Évêque et des desservants jambois,
l’Abbé Emmanuel Labbé et le Doyen Jacques Petifrère.
Le nouvel auditorium de la Maison Jamboise portera le nom de Berthe POULEUR.
Sur son faire-part de décès, à côté de ses titres d’ancien conseiller provincial et d’ancien échevin de Jambes, on peut lire : « Dame d’œuvres ».
Qui donc était-elle ?
Berthe POULEUR est née le 19 janvier 1911 et est décédée le 26 octobre 1987 d’une hémorragie cérébrale, à l’âge donc de 76 ans. Elle s’appelait Bertha mais tout le monde la connaissait sous le prénom de Berthe.
Fille de Narcisse POULEUR, décédé quand elle avait 25 ans, et de Laure WILMOT, elle reste leur unique enfant après le décès en bas âge de sa sœur. Elle ne s’est jamais mariée. « Elle ne voulait pas d’un homme qui aurait tenté de diriger sa vie », témoigne une de ses filleules.
Rentière, elle vivait avec sa mère à Jambes, dans la propriété familiale s’étendant sur plus de quatre hectares rue de Géronsart, au-delà du tunnel du chemin de fer.
Les personnes qui l’ont connue disent d’elle qu’elle avait le cœur sur la main, développait un sens prodigieux de la générosité et accueillait bon nombre de défavorisés dans sa propriété de Géronsart.
C’était une maison ouverte. Elle y vivait avec ses parents, puis, au décès de son père, avec sa mère et le personnel de maison. Plusieurs fois par an, elle recevait, dans sa grande bâtisse, tous ses cousins, jusqu’aux plus éloignés.
Grande et forte femme, portant son éternel chignon, ceux et celles qui s’en souviennent la décrivent comme une personnalité forte, autoritaire et déterminée. Elle n’avait pas sa langue en poche et n’hésitait pas à répliquer avec vivacité. Catholique fervente, elle restait cependant attentive aux changements de société et était ouverte à tous les débats, même les plus délicats comme sur la contraception. Elle disait volontiers qu’elle était née trop tôt.
Pendant la dernière guerre, elle est active au sein de la Croix-Rouge. Elle remplit avec zèle les missions qui lui sont confiées par la section locale de Jambes. Ambulancière-chef, elle soigne les blessés lors des bombardements de Jambes et est chargée de l’organisation du personnel distributeur des repas populaires et scolaires (+ de 250.000 repas en 5 ans)1. Pour son dévouement, elle reçoit la médaille de bronze de la Reconnaissance nationale2 alors que le comité provincial la proposait pour la médaille d’argent. Après la guerre, elle est d’ailleurs restée active dans la section de la Croix-Rouge de Jambes.
Engagée au service des autres et, notamment, des plus démunis, elle n’hésite pas à se lancer en politique et à se présenter aux élections communales. Elle est élue le 9 janvier 1947, à l’âge de 36 ans, au Conseil communal de Jambes sous la bannière PSC (actuellement Les Engagés). Elle fut associée à toute l’histoire politique communale jamboise de l’après-guerre.
Aux élections communales de 1970, et pour la première fois depuis 37 ans, après une rupture frontale des alliances habituelles, le PSC siège au Collège échevinal jambois. Monsieur Henri
HALLET devient Bourgmestre faisant fonction (f.f.). Mademoiselle POULEUR, du groupe Expansion jamboise, est désignée échevin de l’état-civil et des problèmes du troisième âge3.
À titre d’exemple de ses actions politiques pour Jambes elle donne tout son appui à la construction de la maison de repos Les Chardonnerets.
La création du centre culturel de Géronsart a été entamée sous son échevinat en 1975, avant la fusion des communes. Le lieu qu’il occupe était initialement prévu pour l’implantation d’une bibliothèque communale.
Elle a soutenu l’instauration des plaines de vacances pour enfants. Celles-ci étaient organisées à l’époque à l’endroit de l’actuelle piscine, dans de petits entrepôts spécialement aménagés.
Mademoiselle POULEUR était entrée au Conseil provincial de Namur le 8 juin 1950, et son mandat est à nouveau reconduit aux élections de novembre 19714. Au jour de sa mort, elle était encore présidente de l’amicale des Conseillers provinciaux. Être femme dans ce milieu alors exclusivement occupé par la gent masculine ne l’impressionne pas. Elle fait front aux personnalités jamboises qui lui tiennent tête, et fait fi des quolibets et des blagues un peu lourdes de ses colistiers et adversaires politiques.
Elle est associée à la vie politique de Jambes, mais aussi à sa vie associative. Elle fut administrateur du Foyer jambois, présidente de l’ASBL 3e âge à Jambes, administrateur de l’ASBL maison de l’adolescence, vice-présidente de la Croix-Rouge locale5.
En 1976, lors de la fusion des communes, elle disparaît de la scène politique communale, comme beaucoup d’autres.
Sa générosité, on la retrouve aussi après son décès dans des legs qu’elle fait notamment à l’Évêché de Namur pour la formation de bons prêtres, aux écoles libres de Jambes, au Doyen de la paroisse de Jambes, sans oublier le couple de concierges qui occupait sa propriété avec elle.
Alors, Mademoiselle Berthe POULEUR, dame d’œuvres et de charité ?
Très certainement, mais au regard de toute l’énergie qu’elle a déployée toute sa vie pour Jambes, elle ne peut en aucun cas être réduite à cette seule image.
Notes :
- Archives générales du Royaume Bruxelles, dossier n° 24431
- Arrêté du 5-10-1950, Moniteur Belge du 23-10-1950
- Vers l’Avenir 27 octobre 1987
- Vers l’Avenir 27 octobre 1987
- Vers l’Avenir 27 octobre 1987