Vue du site en cours de démolition. La zone de fouilles est signalée en blanc.
Cliché : P.-M. Warnier.
Plan général du site fouillé
Relevés : C. Devillers, S. Ritzenthaler.
DAO : C. Devillers, AWaP.
Jambes.
Par Armand et Héliodore Dandoy. Vers 1860.
AEN, APN, Fonds Dupont.
L’Enjambée assure désormais le lien entre Jambes et la nouvelle « Confluence » namuroise, résultant de l’aménagement du Grognon, cœur historique de Namur.
La retombée de la passerelle cyclo-piétonne entraînait la démolition sur la rive droite, en 2017, de six maisons de la rue Mazy édifiées à la fin du 19e siècle ou au début du 20e siècle.
Une courte opération d’archéologie préventive, prise en charge par l’Agence wallonne du Patrimoine avait pour nom de code « JAMA », pour « Jambes, rue Mazy».
Jambes-Namur : Un pas
Une idée reçue, bien difficile à ôter des esprits, attribue Jambes à la principauté de Liège comme une enclave liégeoise dans le Comté de Namur.
Certes l’évêque de Liège possédait à Namur des biens étendus, dont le domaine de Jambes, comme le confirment des actes des 10e, 11e et 12e siècles.
Mais lorsque Jean de Flandre devient évêque de Liège en 1282, c’est à Anhaive qu’il s’installe, à proximité de son père, Gui de Dampierre, comte de Flandre et comte de Namur.
L’archéologie préventive consiste à identifier, inventorier et étudier les vestiges exposés à un risque de modification et/ou de destruction. C’est souvent la première, et encore plus souvent, la dernière occasion de mettre au jour et d’étudier les témoins du passé, qu’ils soient hors sol, comme le bâti ancien, ou enfouis, c’est-à-dire invisibles aujourd’hui et donc inconnus.
En ville, ces opérations sont autant d’occasions uniques d’examiner les origines et le développement des noyaux urbains jusqu’à l’époque contemporaine, et de les confronter aux données historiques disponibles.
La localité de Jambes était soumise aux deux seigneurs qui s’en partageaient les droits par moitié et à la fin du 13e siècle, le comte de Namur jouissait en fait à Jambes d’une évidente suprématie sur l’évêque de Liège.
Durant tout l’Ancien Régime, Jambes demeure une seigneurie liégeoise, tout en faisant partie du territoire du comté de Namur. La chute de l’Ancien Régime marque la fin de la dépendance de Jambes vis-à-vis de Namur. La réorganisation territoriale imposée par la Révolution française en a fait une commune autonome. Jusqu’à ce que la fusion des communes, décrétée en 1977, réintègre Jambes dans Namur.
Bonne pioche pour les archéologues (1)
L’Epoque contemporaine et les Temps Modernes
L’urbanisation du bord de Meuse ne commence qu’à la fin du 19e siècle. C’est à cette époque que remontent quelques tronçons de fondations et un puits au cuvelage en briques – comblé au 20e siècle – appartenant à l’une des maisons démolies dans le cadre de la construction de l’Enjambée et située à l’est du site fouillé (en jaune sur le plan).
Associé à deux fosses ou chablis, un horizon humifère noirâtre recouvre les alluvions de Meuse (en vert sur le plan). Il correspond aux vergers ou aux zones maraîchères redéployés dans ce secteur suite au démantèlement des ouvrages militaires, à partir de la fin du 18e siècle.
Le site se trouvait donc en territoire agricole.
Mais était-il envisageable pour les archéologues de remonter plus loin que le 19e siècle ?
Rendez-vous dans le prochain volume.
La stratigraphie (ou superposition de strates selon la chronologie des événements) est à la base de la fouille archéologique.
La fouille s’effectue à partir de la couche stratigraphique la plus récente, tout en tenant compte du fait qu’il peut y avoir des bouleversements stratigraphiques, c’est-à-dire qu’une couche peut recouper une autre et ainsi se retrouver plus basse sans pour autant lui être antérieure. Par conséquent, l’étude des artefacts trouvés dans les couches permet d’établir une chronologie plus précise.