Le verre

Le verre est une solution solide en surfusion, obtenue entre 1000 et 1500° et figée par refroidissement.

Il est essentiellement composé de silice (élément vitrifiant) sous forme de sable. Pour abaisser le point de fusion de la silice, on y ajoute des fondants (potasse provenant de cendres, soude naturelle ou artificielle,…).

Le souffleur cueille d’abord dans le creuset, avec le bout de sa canne creuse, une boule de verre en fusion, la paraison.

La température est abaissée  pour maintenir un état visqueux pendant lequel le verre est mis en forme et éventuellement coloré par l’ajout d’oxydes métalliques.

Le souffleur fait tourner sa canne sur elle-même avant de souffler de l’air dans la masse vitreuse. L’opération est renouvelée plusieurs fois après des réchauffements successifs afin d’obtenir une masse de verre suffisante pour créer l’objet. Il ébauche ensuite la forme en effectuant des mouvements de moulinet et de balancier. L’objet est façonné ou manipulé à l’aide de ciseaux et d’une mailloche. Le verrier fixe enfin le verre au pontil, barre d’acier, et le détache de la canne d’un coup sec. La pièce achevée est placée dans un four à recuire qui permet un refroidissement progressif afin d’éviter que le verre n’éclate.

Pour réaliser des formes particulières, la technique du verre soufflé dans un moule consiste à souffler en maintenant la paraison à l’intérieur d’un moule afin de lui donner une forme prédéfinie.

Le verre à Namur

Le Namurois Sébastien Zoude (1707-1779), dont la verrerie est installée à Salzinnes depuis 1753, est le premier industriel du continent à produire du cristal, après les anglais. Son fils François (1737-1797) et son petit-fils Louis (1787-1854) lui succèdent. Louis Zoude, qui reprend la verrerie en 1819, remet de l’ordre dans les affaires de son grand-père. Il transforme la verrerie en cristallerie, et rachète le matériel et l’outillage de la cristallerie de Vonêche lors de sa fermeture en 1832. Les cristaux de la société Zoude s’imposent alors face à ceux du Val-Saint-Lambert. La verrerie Zoude étend ses activités à Jambes, résiste à la concurrence des Verreries d’Herbatte (1851) avant de fusionner avec elles en 1867, pour donner la Compagnie anonyme des Cristalleries et Verreries namuroises. Cette Compagnie finira par être elle-même reprise par le Val-Saint-Lambert en 1879.

Le verre à Jambes

En 1850, Louis Zoude fait construire des installations modernes en bord de Meuse à Jambes, dotées d’un four à gaz. Intégrées à la Compagnie anonyme des Cristalleries et Verreries namuroises en 1867, elles sont chargées dès 1879, après reprise par le Val, de la production de cheminées de lampes et de pots de confiture (le cristal et la moulure sont fabriqués au Val, le demi-cristal soufflé à Herbatte). Mais la crise provoque la fermeture de l’usine jamboise en 1934.

Les Verreries de la Meuse sont construites au pied de la Montagne Sainte-Barbe en 1877. Elles se spécialisent en fabrication et vente de creusets, de verres (cristaux et gobeleteries),… Liquidée à plusieurs reprises, la société ferme définitivement ses portes dans les années 1930, n’ayant pu se relever ni de la crue de 1925-1926 qui a inondé les installations de la verrerie, ni de la crise de 1927.

Une verrerie simple, fondée par Alexandre Amiable, est quant à elle établie le long de la route de Namur à Liège en 1871. Prospère, elle a déménagé en 1873 vers Chênée.

Une autre verrerie (A. Lengelee) est construite en 1901 sur le territoire jambois, à la limite du chemin de fer Namur-Dinant-Givet. Elle fabriquait des cylindres, vases et autres articles de fantaisie avant de fermer en 1903 pour faillite.

Les bousillés

Péjoratif, évoquant ce qui est fait sans soin, grossièrement, le terme “bousillé” apparaît en verrerie à la fin du 19e siècle.

Et pourtant, les bousillés sont les témoins d’une tradition populaire et un phénomène social propre au monde verrier, généralement tolérés par les directions.

Cannes, vases, billes, chevaux, animaux fantastiques, pipes, rouleaux de pâtisserie, presse-papiers, sous-plats, poids de rideaux, … ces pièces en verre, fabriquées durant le temps libre du verrier sur son lieu de travail avec les matériaux et le matériel de la société, témoignent d’une grande imagination. Différentes de celles proposées au catalogue de la verrerie, elles sont néanmoins une solution d’apprentissage du métier et permettent d’entretenir la virtuosité des ouvriers.

Si les bousillés étaient parfois vendus par leurs auteurs, ils ne représentaient pas réellement pour l’ouvrier un moyen d’améliorer ses revenus.