Évangéliaire d’Oignies (détail du folio 11 r° : Hugo)
Hugo d’Oignies. Vers 1230.
Namur, Trésor d’Oignies.
Plan de Jambes & Environs (détail)
Conception Richard Frippiat, SIJ.
Plaque filigranée et niellée de
l’ancien buste-reliquaire de saint Feuillen
(face et revers)
Hugo d’Oignies.
Vers 1230-avant le 3 septembre 1232.
Fosses-la-Ville, Collégiale Saint-Feuillen.
Dépôt au Musée diocésain de Namur.
Plat de reliure de l’Évangéliaire avec la Crucifixion (détails des bordures supérieure et inférieure)
Au-dessus, intaille en calcédoine représentant
une tête de Gorgone; en-dessous, camée
en nacre avec une scène de lutte.
Depuis un quart de siècle
C’est en effet le 29 avril 1980 que le Conseil communal de la Ville de Namur a pris la décision de baptiser la voirie située entre la rue du Paradis et la ruelle Sana, rue Hugo d’Oignies du nom d’un célèbre orfèvre actif au XIIIe siècle.
Hugo de Walcourt ou Hugo d’Oignies
Au tournant des XIIe et XIIIe siècles, quatre frères originaires de Walcourt fondent à Oignies, sur les bords de la Sambre, une communauté religieuse organisée autour d’une petite chapelle en bois. Ils seront chanoines réguliers de saint Augustin. Hugo, le cadet, sera orfèvre.
On ignore où, précisément, il forge sa connaissance et sa maîtrise des techniques de l’orfèvrerie. Il paraît difficile de percer le mystère de Hugo de Walcourt, devenu d’Oignies. Le mystère de sa formation subsiste comme la question : mais où donc était passé Hugo entre les années 1200 et 1227-1228 et à quels labeurs a-t-il bien pu se livrer ?
Le talent d’Hugo d’Oignies, se déploie dans le vaste courant de l’Art mosan, à la frontière entre la tradition romane et le nouveau style gothique, en des ouvrages prestigieux destinés à accueillir l’Évangéliaire du prieuré et les reliques de saints martyrs de la Vraie Croix.
Les reliques arrivent directement d’Italie et de Terre sainte. Elles sont apportées par une haute figure ecclésiastique de l’époque, le Cardinal-évêque Jacques de Vitry, bienfaiteur de la modeste communauté religieuse d’Oignies.
Le hasard de l’histoire a voulu qu’elles soient pour la plupart conservées, certaines portant même la signature de l’orfèvre, et qu’elles constituent, aujourd’hui encore, un ensemble authentique.
Le trésor du prieuré d’Oignies
Le trésor provenant de l’ancien prieuré Saint-Nicolas fondé à la fin du XIIe siècle à Oignies, près de Charleroi, compte parmi les plus intéressants que l’on conserve pour l’époque. S’il a été dispersé, la part la plus importante est conservée chez les Sœurs de Notre-Dame à Namur qui, depuis 1818, veillent à sa conservation. De par sa qualité, la diversité des pièces et leur raffinement, cet ensemble présente un intérêt considérable dépassant de loin le milieu namurois comme l’atteste sa renommée internationale.
La particularité de ce trésor, constitué principalement de pièces d’orfèvrerie, réside dans le fait que la plupart des œuvres ont été réalisées dans le prieuré d’Oignies et, en particulier, par le frère Hugo, originaire de Walcourt, dans les années 1230. Hugo, orfèvre, scribe et miniaturiste, a signé plusieurs de ces œuvres dans lesquelles il s’est même représenté.
Son art transparaît dans ses ciselures et ses nielles. Il devient fascinant dans ses célèbres filigranes aussi rigoureux que délicats et fantaisistes. La préciosité de son art est accentuée par un décor de pierreries.
Jacques Toussaint,
Président du Centre d’Archéologie, d’Art et
d’Histoire de Jambes
Hugo d’Oignies :
contexte et entourage en quelques dates• Vers 1198 : Gilles, Robert, Jean et Hugues quittent Walcourt et fondent le prieuré d’Oignies-sur-Sambre.
• 1204 : Une église est construite en remplacement de la chapelle de bois. Elle est dédiée à saint Nicolas.
• 1207 : Le 9 mai, Marie, illustre pénitente originaire de Nivelles, s’installe à Oignies.
• Vers 1208 : Jacques de Vitry quitte Paris et se rend à Oignies.
• Vers 1209-1211 : Jacques de Vitry entre au prieuré sur le conseil de Marie. Il effectue son noviciat canonique d’un an et devient profès.
• 1213 : Marie d’Oignies meurt à l’âge de 36 ans, le 23 juin. Son corps est inhumé dans un cercueil en bois au cimetière de la communauté.
• 1215 : Concile de Latran à Rome.
• Vers 1215-1216 : Jacques de Vitry rédige la Vita de Marie d’Oignies.
• 1216 : Le 31 juillet, Jacques de Vitry est consacré évêque d’Acre et participe à la cinquième croisade.
• 1225 : Jacques de Vitry quitte Acre pour Rome où, selon sa volonté, il est relevé de sa charge épiscopale par Honorius III. Il devient évêque auxiliaire de Liège.
• 1226 ou 1228 : Jacques de Vitrry est de retour à Oignies où il préside la cérémonie de la consécration de cinq nouveaux autels.
Le corps de Marie d’Oignies est exhumé et est déposé dans un sarcophage de pierre.
• 1229 : Jacques de Vitry est nommé cardinal de la Curie romaine et évêque de Tusculum.
• 1234 : Mort de Gilles de Walcourt, premier prieur.
• 1238 : Hugo réalise le Reliquaire de la côte de saint Pierre.
• 1240 : Jacques de Vitry meurt à Rome, le 1er mai.
• Vers 1241 : Jacques de Vitry est inhumé à Oignies. Plusieurs de ses objets personnels, légués au prieuré, entrent dans le trésor.
• 1789 : Révolution française.
• 1794 : Le dernier prieur d’Oignies, Grégoire Pierlot, décide de dissimuler le trésor chez les époux Moussiaux, fermiers du prieuré, habitant Falisolle.
• 1818 : Grégoire Pierlot confie la garde du trésor aux Sœurs de Notre-Dame à Namur.
• 1864 : Le trésor est exposé, pour la première fois, à Malines.
• 1880 : Le trésor est exposé à Bruxelles dans le cadre du Cinquantenaire de la Belgique.