Le presbytère d’aujourd’hui (1895-1899), conçu par l’architecte Raoul Piret, de Liège : c’est une construction un peu austère, vaguement inspirée de l’architecture traditionnelle mâtinée de quelques réminiscences baroques (fronton, portail, faux bossages en pointe de diamant), bien dans l’esprit du temps.
Projet pour le renouvellement du perron du presbytère, dressé en 1900, par le géomètre architecte Eugène Hiersoul, de Jambes (Archives de la ville de Namur, Jambes, n° 867).
À l’instar de l’église, l’histoire du presbytère de la paroisse Saint-Symphorien a été tout sauf un « long fleuve tranquille ». Que du contraire : il a été reconstruit au moins cinq fois durant les cinq derniers siècles. Mais à l’inverse du lieu de culte, il semble que son emplacement en bord du fleuve (aujourd’hui boulevard de la Meuse, n° 4) n’ait pas changé au cours des temps, du moins des indices sérieux le donnent à penser.
Le siège de Namur de 1695 lui a été funeste, ainsi que pour l’église : il est incendié comme plus d’une trentaine de bâtisses de la localité, brûlées ou endommagées par les bombardements ou détruites pour faire place à de nouvelles fortifications.
Deux ans plus tard, le 9 avril 1697, les paroissiens font passer en adjudication publique – à raval et moins prenant, dit le texte de l’époque – la reconstruction de la maison pastorale au même endroit et en remployant fondations, murs et matériaux de sa devancière qui peuvent être encore utilisés. C’est le charpentier local Raes Joris qui se voit adjuger tous les postes de la construction – maçonneries, charpente, couverture et menuiseries – pour 409 florins. La nouvelle bâtisse, haute d’un peu plus de quatre mètres, ne comporte que quatre pièces sur un seul niveau ; elle est éclairée par des fenêtres à croisée de pierre, à l’avant, ou à encadrement de bois, côté jardin, le tout sous une toiture d’ardoises en bâtière.
Le bâtiment, inondé sous un mètre d’eau en 1714 et peut-être encore en 1740, semble n’avoir pas trop souffert lors du dernier siège de Namur, en 1746. N’empêche, près de quarante ans plus tard, en 1785, le décimateur – le chapitre Notre-Dame à Namur – et le curé Jean Collignon (1783-1797) sont obligés de le reconstruire à neuf. Il comporte alors quatre places au rez-de-chaussée, autant à l’étage, un grenier, une cave et un fournil et dispose d’un jardin d’une superficie d’un journal (un peu plus de 23 ares et demi). C’est le maître maçon Melotte, de Namur, qui a exécuté les travaux, dont le coût n’est pas connu.
Après l’annexion à la France (1794) – entérinée par le traité de Campo Formio le 18 octobre 1797 – et la suppression des ordres religieux (1er septembre 1796), la maison de cure de Jambes est nationalisée en 1798 – elle est alors louée au citoyen Mazy – puis vendue définitivement, le 25 pluviôse de l’an VII (13 février 1799), pour 220.000 francs au citoyen Louis Mathieu.
Par la suite, le bâtiment, que les données cadastrales permettent de situer à l’emplacement actuel depuis 1831, est bien propriété communale.
Trop vétuste, il est encore une fois rebâti en 1895 (le millésime s’affiche à la pointe du pignon qui hérisse la façade) sur les plans dressés en 1894 par l’architecte Raoul Piret, de Liège, suite à un concours. Les travaux ont été adjugés, le 27 mai 1895, à Joseph Procès, entrepreneur de travaux publics à Namur, pour la somme de 23.176,15 francs, en ce compris les honoraires de l’architecte et les frais d’adjudication. Mais en l’absence de l’auteur de projet, parti en 1896 pour les pays étrangers, les autorités communales sont obligées de lui trouver un remplaçant pour surveiller les travaux (ils ne seront terminés qu’en 1899) : ce sera Léon Bocca, dessinateur à l’administration des Ponts et Chaussées. Trop délabré, le perron d’entrée construit deux ans plus tôt, doit pourtant être remplacé d’urgence en 1900…
Sources :
Archives de la paroisse et de la commune de Jambes, de la province et de la Commission royale des monuments, sites et fouilles.