Paul Cauchie
Fernand Prinz, président fondateur du Musée
Colonial Scolaire de Jambes
Le conservateur, Paul Masson, montre un
masque de sorcier royal Ba-Kouba (Kasaï)
Au-dessus de vitrines pédagogiques,
de nombreuses photos et armes africaines
Devant la riche bibliothèque du Musée, le léopard empaillé devait impressionner les enfants
Bref historique
Suite à la grande aventure coloniale de Léopold II, beaucoup de Namurois se lancent dans les campagnes du grand roi. Certains y laissent leur vie. Les rescapés ressentent le besoin de se grouper en association. En 1910, voit le jour la Société d’Études d’Intérêts Coloniaux qui devient en 1938 le Cercle Colonial Namurois.
L’idée de rassembler des collections africaines remonte à 1912, époque où quelques vitrines prennent place dans la grande halle de la Bourse aux grains, près de l’ancien hôtel de ville. Ce premier musée est l’œuvre de MM. Rhodius, Hachez et Devaux. Malheureusement, le bombardement d’août 1914 réduit à néant toutes les collections. Après la guerre, s’organise une grande exposition coloniale dont le retentissement sera très important. Dans la foulée, quelques anciens d’Afrique créent le Musée Colonial Scolaire dans les greniers de l’Athénée royal de Namur. Ce musée est à l’origine de la fondation du Musée National d’Art Africain par MM. Nepper, Gérard et Stinglhamber. Ce musée est installé dans une école désaffectée au confluent de la Sambre et de la Meuse. Une nouvelle fois les collections sont détruites lors du second conflit mondial.
Les anciens coloniaux se mobilisent à nouveau et négocient avec les autorités communales jamboises. Le 23 juin 1951, sous l’impulsion de Fernand Prinz, vice-président du Cercle Colonial Namurois, est inauguré dans les locaux de l’école des garçons de Jambes un Musée Colonial Scolaire. Il déménage en 1955 dans des locaux scolaires du parc Reine Astrid. Jusqu’en 1977, le musée poursuit ses activités sous le nom de Musée Colonial de Jambes. L’administration communale doit reprendre les locaux affectés au musée, en 1977, et les collections sont entreposées dans différents lieux dans l’attente d’une solution. Sept ans plus tard, soit en 1984, des locaux sont libres à Namur et le musée s’installe dans le corps de garde de l’ancienne caserne Léopold. L’inauguration officielle se déroule en présence du Ministre des Travaux publics, M. Louis Olivier, le 6 avril 1985. Le musée porte depuis le nom de Musée Africain de Namur.
Le Musée Colonial de Jambes (1951-1977)
Ce Musée Colonial Scolaire a donc été créé à l’initiative de deux anciens coloniaux, M. et Mme Prinz, qui ont rapporté du Congo de nombreux documents. M. Lagneau, un autre colonial, accorda aussi son concours pour l’organisation et l’aménagement du musée. Lors de l’inauguration, Fernand Prinz, président-fondateur du musée, explique que le but est de rendre service à tous ceux que la Colonie intéresse, en premier lieu au corps enseignant, à la jeunesse des écoles : voilà ce qui importe. C’est que le Congo a évolué, qu’il est en continuelle transformation.
Des particuliers firent don d’objets et de documents rapportés d’Afrique. Les ministères des Colonies et de l’Instruction publique accordent leur patronage comme la Province de Namur. Des organismes scientifiques, tels que l’Institut royal colonial belge, l’Institut d’études agronomiques (INEAC), l’Institut pour les recherches scientifiques en Afrique centrale (IRSAC), le Musée du Congo belge de Tervuren, les services techniques du ministère des Colonies, mettent à la disposition des organisateurs des publications sur l’Afrique à l’attention des professeurs et des élèves. Des sociétés industrielles, minières et commerciales confient également de la documentation. Parmi les activités du musée sont prévues des conférences et des expositions qui peuvent devenir itinérantes.
En plus de sa riche bibliothèque (nombreux livres, cartes, photos), le musée dispose de collections diverses. On y voit de multiples minerais extraits du sol congolais : radium, uranium, plomb, cuivre, étain, cobalt, etc et même des paillettes d’or. Il présente des produits végétaux, maints articles manufacturés par les indigènes. Plus loin, des tam-tams artistiquement sculptés : des haches, des poignards, finement travaillés, aux poignées incrustées de cuivre. Entre une peau de serpent et des nattes du Kasaï, des pots à lait issus de grossiers blocs de bois, que des mains patientes ont évidés, copeau par copeau. Le temps est un facteur qui ne compte pas chez certains indigènes. Au centre de la salle, un masque de féticheur Bakuba Kasaï, constitué de raphia, de perles, de fragments de peau de léopard et de singe, de plumes de perroquet, qui sont l’insigne des chefs. Des boucliers, des collections de bois, des pipes, des bijoux, des ustensiles de ménage, des cartes géographiques, des centaines d’ouvrages, retiennent l’attention. Pour les petits, le « clou » du musée est évidemment ce superbe léopard empaillé qui trône au milieu de toutes ces richesses.
Jacques Toussaint,
Président du Centre d’Archéologie, d’Art et
d’Histoire de Jambes
Pour en savoir plus
• Archives du Musée Africain de Namur.
• P. Arnould, Créé il y a six mois. Le musée colonial de Jambes offre une image vivante du Congo Belge, dans Vers L’Avenir (?), ? juin 1951; Ch. A., Le Musée Colonial Scolaire de Jambes dominé par le souvenir d’un grand colonial qui eut mérité de lui léguer aussi son nom : Fernand Prinz, dans La Meuse, 26 novembre 1953; P. Caso, Le Musée colonial de Jambes, dans Le Soir, ? mai 1955; Jambes. Au Musée colonial, dans Vers L’Avenir, 15 décembre 1955; « L’avenir de notre jeunesse au Congo » – Une journée de propagande coloniale a eu lieu dimanche, à Jambes, dans Vers L’Avenir, 16 décembre 1957; J.-L. T., Au Musée colonial de Jambes. Exposition d’œuvres d’art congolais, dans Vers L’Avenir, 26 juillet 1958; Art congolais au musée colonial de Jambes, dans La Meuse, 27 juillet 1957 ; Dès samedi, l’art congolais fera escale à Jambes, dans La Meuse, 29 juillet 1958; Journée commémorative du Congo à Namur et à Jambes. Le dixième anniversaire du musée africain est célébré, dans Vers L’Avenir, 17 juin 1961; La journée commémorative du Congo organisée par le Cercle Colonial Namurois, dans La Nouvelle Gazette, 17 juillet 1961; R. Destré, A Jambes, le Musée africain aura 25 ans l’an prochain. Il mériterait d’être mieux connu, dans ?, 27 juillet 1975.
• Petit guide du Musée Africain de Namur. ASBL, (Namur), (2004).