L’Île Vas-t’y-frotte vue de la Citadelle
En 1577, alors que nos régions se trouvent sous domination espagnole, l’Île Vas-t’y-frotte (appelée « Îlle à Velaine »), se pare de lierre et accueille en musique un soir de juillet la Reine Margot (surnom de Marguerite de Valois2) pour qui le Gouverneur des Pays-Bas, Don Juan d’Autriche, avait organisé là bal et banquet3.
Namurcum (…) (détail)
Gravure sur papier. 1695.
Namur, Jardin du Cloître.
Coll. SAN, inv. B-Vu-013.
Charles Inselin,
Plan de Namur Ville Capitale
du Comté de même nom (détail)
Gravure sur papier. 1749.
Namur, Jardin du Cloître.
Coll. SAN, inv. B-Pl-051.
Nicolas Viss cher,
Plan de la Ville et du château de Namur (détail)
Gravure sur papier. 1695.
Namur, Jardin du Cloître. Coll. SAN.
J. Schnaerzle, Namur (détail)
Gravure sur papier.
Namur, Jardin du Cloître.
Coll. SAN, inv. B-Pl-071.
Située entre la Plante et Jambes à hauteur de Velaine, l’Île Vas-t’y-frotte est un lopin de terre de 3,45 ha, s’étendant sur 720 m dans le lit de la Meuse (orientation nord-sud) sur une largeur maximale de 78 m. Les berges sont en grande partie artificialisées et consolidées par une poutrelle reposant sur des piliers. Un enrochement à l’ouest protège la rive de l’impact des vagues causées par les bateaux1.
Autrefois terre de culture pour les paysans jambois, couverte de prairies de fauche, de pâtures et de potagers, l’Île fut exploitée pour le tourisme à la fin du XIXe et début du XXe siècle. On y retrouve l’enseigne du restaurateur Félix Depry-Roland, Au Robinson, où sont notamment servies des fritures de poissons.
Après l’abandon de cette activité touristique, l’Île Vas-t’y-frotte est progressivement réinvestie par la forêt, en même temps que diverses plantations y sont effectuées. C’est ainsi qu’elle apparaît aujourd’hui entièrement boisée : aux côtés de quelques plans d’espèces exotiques, des ronces et des orties, les ormes, frênes, saules et aulnes recouvrent sa surface.
En 1953, l’École du Génie de Jambes achète l’Île afin d’en faire un terrain de manœuvre pour les militaires. L’accès interdit de cette zone militaire et l’activité restreinte sur l’île ont permis aux oiseaux de s’y installer, dont certaines espèces remarquables (hérons cendrés, cormorans4, …).
L’Île Vas-t’y-frotte est finalement rachetée en 2013 par la Division de la Nature et des Forêts5 qui veille sur ce Site de Grand Intérêt Biologique.
Arrêt sur images
A la fin du XVIIe siècle, Namur et son château font l’objet de deux sièges consécutifs dans le cadre du conflit opposant les armées de France à celles de la Ligue d’Augsbourg. Les cartes et plans de Namur et de sa région sont nombreux à être publiés dans ce cadre. Certains d’entre eux placent une petite redoute sur la pointe aval de l’Île Vas-t’y-frotte, dont le nom varie par ailleurs fortement (île Vastifrotte, île de la Plante, île d’Amée)6.
Fiona Lebecque,
Présidente-Conservatrice du
Centre d’Archéologie,
d’Art et d’Histoire de Jambes
1. Appelé « batillage ».
2. Marguerite de Valois était l’une des cinq filles du Roi de France Henri II et de Catherine de Médicis, et l’épouse d’Henri IV de Navarre.
3. La description de cette fête et de l’ensemble du séjour de la Reine Margot à Namur est publiée dans F. Rousseau, Le Pays de Namur d’autrefois d’après les récits de voyageurs, dans Namurcum, 12e et 13e années, 1935-1936. Marguerite de Valois écrivit ses mémoires vers 1600, édités notamment par F. Guessard, Mémoires et lettres de Marguerite de Valois, Paris, 1842.
4. Pour en savoir plus : www.biodiversite.wallonie.be (Île Vas-t’y-frotte – Site de Grand Intérêt biologique : 812) ; L’Île Vas-t’y-frotte, site classé, dans Côté Jambes, n° 57, 2e trimestre 2007.
5. L’armée vend terrains et immeubles pour amasser des briques, 10/06/2013, sur rtbf.be/info.
6. Jules Borgnet, Promenade dans la ville de Namur. Quinzième promenade. Enceinte bastionnée, dans Annales de la Société archéologique de Namur, t. 5, 1857, p. 121.