Le contexte archéologique jambois

Quelques vestiges témoignent d’une fréquentation millénaire de la vaste plaine de Jambes. Les plus anciens sont des outils ou armes de pierre, microlithes et haches polies.
Ils attestent du passage de populations néolithiques entre le 6ème et le 3ème millénaire avant notre ère.
Vers la fin de cette période, un de ces groupes humains érigea le dolmen dit «de la Pierre du Diable». Détruit en 1820, il était constitué d’une dalle de pierre aux dimensions impressionnantes (environ 2,80 m. de longueur sur plus d’1 m. de largeur et 50 cm. d’épaisseur) posée sur deux supports verticaux. Il s’agissait d’une chambre sépulcrale enterrée sous un tertre de 15 m. de diamètre dont un cercle d’une dizaine d’autres grandes pierres matérialisait le périmètre. Le dolmen de Jambes constituerait le témoignage le plus méridional connu de la Trichterbecher Kultur ou culture des porteurs de gobelets, active dans la seconde moitié du 3ème millénaire avant J.-C. (+/- -2500 à -2000) et dont l’aire de répartition était centrée sur l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark.
Le long hiatus chronologique qui suit ne s’interrompt qu’à la fin du Ier siècle de notre ère. Les tombes les plus anciennes des quelques cimetières gallo-romains connus dans la plaine de Jambes remontent en effet à cette époque.
Le plus vaste de ces cimetières fut révélé en 1888 lors de la reconstruction des écoles communales, à l’arrière de l’Hôtel de Ville. La centaine de tombes à incinération exhumées à cette occasion s’échelonnent entre la fin du Ier et le IVe siècle. Lors de la construction du Secrétariat général du Service Public de Wallonie à l’emplacement de ce même Hôtel de Ville, entre mars 1991 et août 1993, une centaine de tombes supplémentaires furent fouillées, la plupart de la fin du Ier et du début du IIe siècle, à l’exception de deux tombes isolées du IVe siècle. L’habitat correspondant ne nous est pas connu. Peut-être s’agissait-il d’une petite tête de pont installée au débouché d’un passage sur le fleuve. Peut-être aussi s’agissait-il d’une villa qui reste à découvrir.
Quelques tombes furent aussi trouvées à Amée et à Velaine, autour de la «Pierre du Diable». Elles sont probablement en rapport avec de petits habitats ruraux proches qui n’ont pas encore été repérés et sans continuité entre eux. Ce paragraphe se trouve au mauvais endroit sur le folder. Il concerne la première partie, « Le contexte archéologique jambois » et non « Les tombes romaines d’Anhaive ».
Les tombes romaines d’Anhaive

Une trentaine de tombes à incinération furent découvertes en août 1934 lors de la construction du couvent des Pères de Scheut sur les hauteurs de Bèronvaux.
Il s’agissait d’un cimetière assez pauvre, s’échelonnant du milieu du IIe siècle de notre ère au milieu du IIIe siècle. Seule la tombe 16 semble plus ancienne : elle daterait en effet de la première moitié du IIe siècle.
En mai 1956, un coffre de pierre monolithe coiffé d’un couvercle pyramidal fut découvert à la Basse-Anhaive, en bordure de la chaussée de Liège. Il contenait deux grandes urnes de verre bleu avec des ossements calcinés à l’intérieur. À proximité du coffre, d’autres objets furent découverts, qui appartenaient probablement à un seul et unique dépôt funéraire. Leur variété et leur qualité tranchent sur ce qui constitue la norme en ce domaine dans nos régions.
En particulier, trois vases en verre ainsi que quelques objets en métal: une petite figurine représentant un animal quadrupède, chien ou félin ; un curieux socle ajouré muni d’une pointe, interprété comme chandelier  ; une petite cuiller en bronze étamé; enfin un strigile malheureusement fort incomplet. Un dé et un pion de jeu en os ainsi que trois vases en céramique commune complétaient ce lot qui était sans doute, à l’origine, plus abondant. L’enfouissement aurait eu lieu à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle.
Si l’un ou l’autre de ces objets apparaissent parfois dans le mobilier de tombes modestes, leur association est typique des tombes privilégiées et, notamment de celles sous tumulus à laquelle la tombe de Basse-Anhaive est manifestement apparentée. Le contraste qu’elle offre avec celles de Bèronvaux saute aux yeux. Tout ici indique l’aisance financière et sociale, sinon le luxe. La tombe de Basse-Anhaive (exposée au Musée archéologique de Namur) est sans doute la plus riche découverte à ce jour dans les cimetières périphériques de Namur, avec les tumuli de Champion et de Frizet.
Il est délicat, en l’absence de tout vestige, de se prononcer sur l’emplacement et la nature des habitats correspondant aux deux cimetières, probablement distincts.
On peut déduire de l’implantation et de la taille des cimetières d’époque romaine que l’habitat à Jambes au Haut-Empire préfigure ce qu’il sera au Moyen Âge, une série de petites unités dispersées avec, peut-être, une certaine concentration aux abords du principal passage du fleuve. Il se différencie en cela de Namur où un habitat groupé relativement important existe depuis cette époque.

Les fouilles du site d’Anhaive

Malgré le caractère morcelé des différentes interventions archéologiques menées dans le sous-sol du site d’Anhaive et la rareté du mobilier archéologique recueilli en stratigraphie, plusieurs informations relatives à son évolution ont pu être enregistrées et interprétées avec la prudence qui s’impose. Ainsi, sept phases d’aménagements ont été distinguées, entre la fin du XIIIe siècle et le XXe siècle, en rapport tantôt avec l’habitat (donjon ou logis seigneurial) et les activités artisanales ou rurales, tantôt avec l’aménagement de la douve entourant la tour. Avec l’aide de l’histoire, de l’archéologie du bâti et de l’iconographie, certaines structures peuvent être interprétées de manière globale et ont pu être intégrées dans le projet de restauration. Il restera à finaliser l’étude du matériel archéologique découvert dans ces sondages, essentiellement dans les contextes de comblement progressif de la douve (XVIe – XVIIe siècle).
Si vous souhaitez en savoir plus, un ouvrage est à votre disposition :
« La seignerie d’Anhaive à Jambes».

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