Hans Vredeman de Vries (1526-1606)
Caryatides
Gravure de Gérard de Jode (Anvers),
1565, H. x L. : 23,3 x 30 cm.
Hambourg, Museum für Kunst und Gewerbe
(Döry Nr. 581).

Hans Vredeman de Vries (1526-1606)
Cartouche
Gravure de Hieronymus Cock (Anvers), vers 1555-60.
H. x L. : 15,4 x 21,1 cm.
Amsterdam, Rijksmuseum (OBP 167).

Jambage de cheminée
avec caryatide
Dernière décennie du
XVIe siècle. Calcaire.
H. x l. x P. :
126 x 23 x 29 cm.
Don à la Fondation
Roi Baudouin.

Enseigne avec ancres et initiales « IGS »
1786. Calcaire.
H. x L. x P. : 34,5 x 37 x 10 cm .
Dépôt au Centre d’Archéologie, d’Art et d’Histoire
de Jambes par M. et Mme Claude Gilles de Loyers.

Le Moto Club Jambois
Situé chaussée de Liège (devant les terrains de Hockey),
ce bâtiment a été démoli pour faire place à un grand
complexe de bureaux en cours de construction.

Henry Bodart (1874-1940)
Cheminée aux piédroits sculptés de figures humaines et hotte (Herbatte)
Dessin à la mine de plomb. Sans date. En bas à gauche : Herbatte. Non signé.
H x L : 50,3 x 16,5 cm.
Coll. Ville de Namur, n° 48.

Dans une précédente livraison1, nous avons abordé le thème des enseignes de pierre conservées dans le centre de Jambes. L’une est située au n°19 de l’avenue Bourgmestre Jean Materne et porte l’inscription au cornet d’or/bon logis a pied/et a cheval 1698; l’autre est visible au n°53 de la même avenue et son inscription, à l’orthographe approximative, est lisible sur le pourtour supérieur de l’enseigne : au trois cornet bon logis a/pieds a chevalle 1736. Voici des éléments en place dont Henry Bodart (1874-1940)2 avait, vers 1915 déjà, croqué les détails dans des dessins minutieux réalisés à la mine de plomb.
D’autres pierres sculptées, dotées parfois d’une épigraphie, existent encore sur le territoire de Jambes, appartenant souvent à des privés. L’ouverture officielle de la Seigneurie d’Anhaive et la tenue Journées du patrimoine sur le même site ont donné l’idée à deux Namurois de confier chacun une pierre sculptée aux gestionnaires du domaine en vue d’assurer une sauvegarde de ces traces du passé.

Un jambage de cheminée

Le premier élément de pierre sculptée fait l’objet d’un don à la Fondation Roi Baudouin par un Jambois de souche qui souhaite garder l’anonymat. Il s’agit probablement d’un piédroit de cheminée se présentant sous la forme d’une caryatide3. Malgré les mutilations importantes du visage, on reconnaît une physionomie humaine de face, les bras croisés, dont le corps se prolonge vers le bas non pas par des jambes mais par une gaine en fuseau. Celle-ci est également lacunaire. À la base du tronc du personnage, un mufle de lion est bordé en haut et au bas d’une coquille Saint-Jacques. Le registre inférieur est décoré de motifs géométriques (losanges, ovales, …).
Cette sculpture est à rapprocher des modèles de Hans Vredeman de Vries (Leeuwaarden / Frise, 1526 – Anvers, 1606)4. Cet artiste fut peintre, architecte, dessinateur d’architecture et d’ornements d’architecture, graveur et théoricien de la perspective. Les recueils de ce théoricien montrent des caryatides de ce type aux motifs décoratifs apparentés (tête de lion, coquilles, formes géométriques). Des motifs géométriques très semblables sont visibles sur l’intrados de voûtes d’édifices conçus par H. Vredeman de Vries mais aussi sur des cartouches ou sur des dessins de jardins.
La caryatide qui nous préoccupe pourrait dater de la dernière décennie du XVIe siècle. Elle a été retrouvée voilà quelques années dans le jardin d’une maison située chaussée de Liège (Jambes) et servait de départ d’escalier (la belle face n’était pas visible). La tradition orale fait état d’une origine proche puisqu’elle proviendrait d’un bâtiment disparu érigé autrefois à Anhaive. Il est vrai que ce site a été dévasté et incendié à plusieurs reprises par des troupes armées. Plus récemment, le percement de la N4 dans les années 50 a engendré aussi la disparition de plusieurs constructions anciennes. Le jambage de cheminée proviendrait-il de cet endroit ? C’est une hypothèse plausible.
Pour l’instant, la pierre sculptée est en restauration à Bruxelles5.

Une enseigne

Une enseigne6 de pierre sculptée du XVIIIe siècle a été mise en dépôt au domaine d’Anhaive. Elle présente la forme d’un cartouche (mutilé sur les parties latérales) de dimensions modestes présentant deux ancres de marine en sautoir, attachées à une poulie. Sous ces ancres : les initiales IGS et le millésime 1786.
Le déposant raconte que l’enseigne était placée dans un mur du jardin du MOTO CLUB JAMBOIS situé chaussée de Liège (Jambes). La pierre fut descellée et intégrée dans un mur intérieur. Lorsque l’association quitta les lieux vers 1975 la pierre fut enlevée à nouveau.
Manifestement, cette enseigne a beaucoup circulé et a fait l’objet de remplois successifs. On peut supposer qu’elle servait à une fabrique (installée peut-être à proximité de la Meuse) destinée aux mariniers; à moins que ce soit celle d’un « caboulot » jambois fréquenté par des bateliers.

Jacques Toussaint,
Président du Centre d’Archéologie, d’Art et
d’Histoire de Jambes

Notes

1. J. Toussaint, L’image de pierre à Jambes, dans Côté Jambes, n°11, juillet-août 94, pp. 6-7;

2. J. Toussaint, Visages anciens de Namur – Dessins de Henry Bodart (1874-1940), Bruxelles, 1994, p. 214, nos 299-300; J. Willemart, Enseignes et potales à Namur aux XVIIe et XVIIIe siècles, Namur, 1992, pp. 23-24;

3. Voir à ce sujet la cheminée de l’Hôtel de Groesbeeck- de Croix à Namur. C. Carpeaux (coord.), Décors intérieurs en Wallonie, tome 3, Liège, 2005, pp. 98-99 (notice de Josine de Fraipont);

4. M. Borggrefe, Th. Fusenig, B. Uppenkamp, Hans Vredeman de Vries und die Renaissance im Norden, München, 2002;

5. C’est Jacques Vereecke qui est en charge de la restauration à la demande de la Fondation Roi Baudouin. Un traitement biocide (à base d’amine quaternaire) s’est répété à six reprises. Un brossage a permis le nettoyage des éléments biologiques morts. Un autre biocide plus spécifique contre les lichens sera nécessaire. L’enlèvement des taches de bitume se fait mécaniquement et est doublé d’un nettoyage chimique superficiel;

6. Sur les enseignes, voir note 2 : J. Toussaint, op.cit., pp. 212-238; J. Willemart, op.cit., pp. 6-30. Il y a lieu de consulter aussi l’ouvrage suivant : K. Depicker, M. de Thyse, Y. Hanosset, C. Marchi, Enseignes, images de pierre. XVIIe et XVIIIe siècles, (Liège), 1991.

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