Couverture du périodique
«Les Cahiers Wallons» fondé par Eugène Gillain le 1er janvier 1937
Linogravure de Joseph Gillain dit Jigé.

Le Wallon est notre bien propre, le témoin irrécusable et UNIQUE de nos origines, le moyen d’exprimer, dans toutes ses nuances, notre façon particulière de voir et de sentir1, c’est en ces termes que Charles Wérotte (1795-1870)2, poète, chansonnier et fabuliste namurois définissait notre langue dialectale. Au siècle suivant, Félix Rousseau (1887-1981)3 s’intéresse aussi particulièrement à la langue wallonne et déclare Ce n’est pas le dialecte qui crée le trait d’union entre tous les wallons, MAIS BIEN LE FRANçAIS. Littérature dialectale et littérature française se meuvent dans des plans différents : loin de s’exclure et de se combattre, elles font, au contraire, très bon ménage4. Il est, je crois, inutile de rappeler l’intérêt de l’auteur pour cette matière5.

Le projet qui arrive à son terme à l’occasion de l’ouverture de l’exposition È Djambes avou lès scrîjeûs est né un jour de décembre 2007, à l’issue d’une Assemblée générale de la Société archéologique de Namur. Monsieur Guy Delvaux, Portè-Plume dès Rèlîs Namurwès, me soumet son projet d’organiser un évènement en 2009 dans le cadre du centenaire de l’association dont il est le secrétaire. Il propose d’aborder Jambes au travers d’écrivains wallons qui y sont nés, qui y ont résidé ou qui ont été de passage. J’avoue n’avoir pas hésité un instant sachant la rigueur et la ténacité dont sait fait preuve mon ami Guy. L’aventure a ainsi commencé sans être tout à fait persuadé que la matière serait suffisante. Les recherches menées par Guy Delvaux ont porté leurs fruits et sont dignes de la société mise à l’honneur.

Un siècle d’existence pour le Cercle littéraire Lès Rèlis Namurwès6 (1909-2009) fondé très exactement le 25 février 1909 par quatre étudiants : Télesphore Lambinon, Auguste Demil, Georges Pelouse et Lucien Maréchal. La devise du cercle est Wêre mais bon. Les objectifs des fondateurs sont d’étudier le wallon, l’écrire en prose et en vers, accepter l’examen et la critique (à l’passète, en français au tamis) pour ne retenir que les textes de choix. Dès 1910, le cercle accorde la Cocâde au Rèlî dont le travail a été jugé méritoire, au cours de l’année écoulée.

Les auteurs wallons namurois publient au début dans Li Couarneû mais ils lancent très vite le petit journal Li Ban Cloke. Des œuvres des Rèlîs sont publiées dans le journal Vers l’Avenir qui édite en 1935 ses Feuillets Wallons et Tapans one divise, rubriques tenues par Jules Rivière. Plus tard, ce dernier tient dans le même journal une chronique wallonne Chîjes èt Pasquéyes.

En 1937, à l’initiative d’Eugène Gillain est fondée la revue Les Cahiers Wallons. Cette revue mensuelle donne largement la place aux travaux des Rèlîs. La présente publication y fera largement référence. C’est l’occasion d’évoquer la collaboration de Joseph Gillain dit Jigé (1914-1980)7 considéré comme un des maîtres européens du neuvième art, la bande dessinée, certes, mais c’est aussi un peintre, un graveur et un sculpteur. Il est l’auteur des linogravures qui illustrent les couvertures de la revue. L’œuvre de cet artiste fera l’objet d’une publication et d’une exposition dans les locaux de la Seigneurie d’Anhaive au cours de l’été 2010.

Pour l’heure, je souhaite un heureux centenaire à nos Rèlîs et leur demande de poursuivre leurs travaux essentiels pour la préservation de notre identité wallonne.

  1. Cité au bas de couverture de la publication Lès Rèlîs Namurwès 1909-1969, Namur, 1969.
  2. M. G[eorge], WEROTTE Charles, dans Fr. Jacquet-Ladrier, Dictionnaire biographique namurois, numéro spécial de la revue Le Guetteur Wallon, nos 3-4, 1999, pp. 220-221.
  3. J. B[ovesse], ROUSSEAU Félix, dans Fr. Jacquet-Ladrier, Op. cit., pp. 205-206.
  4. L. L[éonard], Les Cahiers Wallons. Du 1-1-1937 au 1-1-1977, dans Les Cahiers Wallons, janvier 1977, p. 2.
  5. F. Rousseau, Propos d’un archiviste sur l’histoire de la littérature dialectale, première partie : Des origines à 1880, Namur, Les Cahiers Wallons, 1964 ; deuxième partie : De 1880 à 1965, 116 p. ; Namur, Les Cahiers Wallons, 1965, 88 p.
  6. Pour l’historique, voir L. Maréchal, Vingt-cinq années d’activité wallonne du Cercle Royal Littéraire « Lès Rèlis Namurwès », dans Le Guetteur Wallon, avril 1934, 10éme année, pp. 129-155 ; H. J[acques], « Lès Rèlis Namurwès de 1909 à 1958 », dans Lès Rèlis Namurwès 1909-1969, Namur, 1969, pp. 16-23 ; A.-M. Goffin, La bibliothèque du Cercle royal littéraire Lès Rèlîs Namurwès, dans Bibliothèques namuroises. Autour de la Bibliothèque publique de Namur. 1797-1997, Namur, Centre de Documentaion – Actualités, 1997, pp. 233-234.
  7. Voir V. Stevaux et N. Gillain, Quand Jigé rencontre Gillain, s.l.n.d. ; J. Toussaint, Portraiture en sculpture et en médaille, dans J. Toussaint (sous la dir.), Portrait en Namurois, coll. Monographies du Musée provincial des Arts anciens du Namurois, 23, Namur, 2002, pp. 223-224.

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