Jean-Claude Heupgen dans son atelier

Intégration d’œuvres d’art

Le concept d’intégration d’œuvres d’art voit le jour après la Seconde Guerre mondiale. La politique de reconstruction s’accompagne à l’époque d’un esprit de paix, tolérance et fraternité. L’art est tout indiqué pour jouer le rôle de catalyseur de cette nouvelle vision du monde. L’idée de consacrer 1% du coût des travaux de construction des bâtiments destinés aux administrations publiques à l’intégration d’œuvres d’art prend forme et se répand dans différents pays d’Europe.
La Belgique n’est pas à la traîne comme l’atteste la création dès 1947 du groupe Forces murales par L. Deltour, Ed. Dubrunfaut et R. Somville. L’ouvrage de L. Courtens et al. cité ci-dessous dresse un bon historique de la politique du pourcent ! L’idée est triple : insérer l’art dans la politique de reconstruction ; aider les artistes en leur garantissant des commandes ; développer à travers l’art une politique de démocratisation de la Culture.
Actuellement, la Fédération Wallonie-Bruxelles et le Service public de Wallonie sont compétents en matière d’intégration d’œuvres d’art. D’autres instances existent cependant. L’Exécutif de la Communauté française a promulgué un décret sur le sujet le 10 mai 1984 (M. B. du 26 juin 1984). Par ailleurs, l’arrêté du gouvernement wallon du 23 décembre 1993 décide la création de la Commission des arts de la Région wallonne (M. B. du 16 mars 1994).
Le regard dispersé de Jean-Claude Heupgen, intégrée dans les locaux du SPW à Jambes s’inscrit dans la logique décrite ci-dessus.

L’œuvre de Jean-Claude Heupgen à Jambes

Dans les 90’, l’artiste conçoit pour la Région wallonne une œuvre intitulée Le regard dispersé intégrée dans le hall de l’immeuble situé à l’angle de la rue commandant Tilot et de l’avenue prince de Liège (Direction générale de l’Agriculture, des Ressources naturelles et de l’Environnement). Trois œuvres de bois (H. x l. x P. : 250 cm x 30 cm x 30 cm) s’élèvent entre deux colonnes selon une disposition triangulaire de manière à ce que les faces tournées vers l’intérieur forment un triangle équilatéral resserré. Leurs faces sont sculptées de motifs réguliers en saillie de plusieurs centimètres, selon un dessin géométrique qui tient du labyrinthe (source : site internet de la Commission des arts). Une rythmique est instaurée dans le traitement du revêtement de sol en marbre noir de Denée (en partie fraisé). Le tracé géométrique du sol invite le visiteur à concentrer son attention sur l’espace central où sont disposées les sculptures.
L’artiste estime que l’homme est incapable d’appréhender l’espace sans le délimiter. Dans le cas présent, il a choisi de moduler cet espace en favorisant la dispersion du regard. Jean-Claude Heupgen nous livre ses intentions d’intégration des trois sculptures (courrier du 6 décembre 2011).
L’espace de l’objet et son propre espace nous entourent lors de la perception de l’espace architectural, son propre espace n’est plus distinct mais participe et coexiste ou est entouré, il existe une polarité constante dans les recherches de la sculpture et de l’architecture.
Le mot espace dans son acceptation la plus physique englobe notre conscience et notre corps tout entier.
La relation espace-temps doit être vécue.
Un espace est toujours un lieu clos, nous sommes incapables d’appréhender un espace non délimité comme nous sommes incapables d’appréhender l’infini.
Il s’agit de pouvoir assumer la révolution du regard, de la vision et du mouvement qu’implique un sens nouveau de la perception.
Les sculptures, comme un ensemble spatial qui a maîtrisé et transformé ses éléments les plus tendus, prennent possession de l’espace plus qu’elles n’en marquent les limites.
L’espace devient sculptural.

Jacques Toussaint,
Président du Centre d’Archéologie, d’Art et d’Histoire de Jambes

J.-Cl. Heupgen en quelques mots
– Naissance à Jemappes en 1934.
– Réside rue de la limite, 9 à Nimy.
– À partir d’octobre 1963, chargé de cours à l’Académie royale des Beaux-Arts de Mons dans la section Architecture supérieure de décoration et étude des matériaux sensibles intégrés.
– De 1970 à 1985, chargé de cours en architecture à l’Institut secondaire d’Athis Mons (ISAM) dans la section Design Environnement.
– De 1972 à 1974, responsable au CERE de Design Urbain.
– De 1975 à 1979, conférencier à l’École supérieure de La Cambre à Bruxelles, section Industrial Design et Design Expérimental.
– En 1982 et 1983, conseiller artistique à l’Académie internationale Été de Wallonie.
– Consultant temporaire Lille-Institut Environnement Paris-Lausanne-Genève.
– Plusieurs prix et distinctions.
– Participe à plusieurs expositions en Belgique et à l’étranger.
– Plusieurs intégrations en Wallonie.

Pour en savoir plus sur les  intégrations des œuvres d’art en  Wallonie et à Bruxelles

L. Courtens, A. Grimmeau, A.-E Henao et al. (d’après une idée d’A. Lemonnier), Intégrations d’œuvres d’art. Inventaire des intégrations d’œuvres d’art 1986-2010 en application du Décret de la Communauté française. Les personnes morales de droit privé, Bruxelles, Service général du Patrimoine culturel et des Arts plastiques de la Communauté française et Institut pour l’étude du langage plastique, 2010.
M.-P. Marchal, Quand l’Art épouse le Lieu. Intégration d’œuvres d’art dans les bâtiments de la Région Wallonne, coll. Profils du Ministère wallon de l’équipement et des transports, 2, Namur, 1995.
L. Recchia, Quand l’Art épouse le Lieu. Intégration d’œuvres d’art dans les bâtiments de la Région Wallonne, coll. Profils du Ministère wallon de l’équipement et des transports, 9, Namur-Liège, 2004.
P.-O. Rollin, Quand l’Art épouse le Lieu. Intégration d’œuvres d’art dans les bâtiments de la Région Wallonne, coll. Profils du Ministère wallon de l’équipement et des transports, 6, Namur-Liège, 2000.

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